Lors de son intervention Maud Benest s’est présenté puis nous a renseigné autour du thème du débat.

Maud Benest fait du design global spécialisé dans l’architecture et l’espace. Elle a fait les Beaux-Arts de Lyon avant de d’étudier dans la seule formation en France de Design Global à l’École Normale Sup. Elle y a ainsi obtenu son diplôme pour ensuite faire de la recherche. Désormais Maud travaille au sein d’ateliers collaboratifs.

Ensuite, Maud nous a informé sur la notion du débat. Pour qu’il y est un débat, il doit y avoir de l’écoute entre les interlocuteurs, des connaissance préalables et un objectif de convaincre. Le débat est un échange. Il permet l’évolution des idées et des opinions, à l’inverse d’un débat politique où les opinions sont seulement confrontées. Il n’y a pas de débat s’il y a cacophonie, un monologue oui s’il n’y a pas de désaccord, pas d’écoute ou pas de préparation.
Il y a différentes typologies de débats. On peut citer les débats démocratiques, publics, politique, juridiques ou encore scientifiques. Lors d’un débat il y a des confrontations entre deux ou plusieurs points de vue, de la participation par des prises de paroles distinctes et des temps de silence.
Afin de mener à bien le débat, des éléments sont essentiels. Une approche didactique, une médiation par un agent extérieur au débat et une restitution du débat afin de garder une trace de celui-ci sont des composants primordiaux au bon déroulement de l’échange.

Un débat peut être participatif avec un procédé de brise-glace, un objet manifeste. Il est souvent nécessaire d'y trouver une diversité et une spontanéité. Pour que le débat soit participatif celui-ci peut se trouver dans un environnement s'inscrivant comme étant une zone de confort.
Un débat peut aussi instaurer une forme de neutralité. Il peut être préférable que durant celui-ci que les participants ne soient pas invités à exprimer leurs pensées personnelles. Il faut aussi inciter les personnes à penser par eux-mêmes. On peut dans cette continuité proposer plusieurs sources pour que le débat soit le plus neutre possible.
Mais on peut se demander aussi qu'est ce que réellement un débat ? Une des réponses à cette question pourrait être de dire qu'il y a débat lorsque de multiples réponses sont possible à la question de celui-ci. Mais il est aussi clair qu'un débat peut se créer que si les participants ont intériorisé un certain nombre de connaissances.
Un débat doit aussi se conclure. Pour cela il est possible de proposer des ouvertures à la problématique énoncée au début, un temps de parole peu de même être établi pour que le débat ai un début et une fin précise dès le commencement de celui-ci.
Un débat peut aussi servir à renseigner sur un sujet, et cela peut passer par un support affiche, une frise, un jeu des témoignages, etc.
Cependant il est important de possiblement prévoir des temps calmes. Ils peuvent se caractériser par des temps de silence, grâce à la mise en place d'un bâton de parole, un isolement, etc. Par exemple, le fait de ne pas avoir le droit de couper la parole d'autrui peut sembler être primordial.
Et enfin si notre débat s'inscrit dans une démarche de Design Social; quel engagement ce débat permet-il ? Il faut donc prendre en compte l'intérêt du médium utilisé.
De plus, nous ne devons pas négliger notre rôle en tant que designer dans ce débat lié au Design Social. Nous pouvons questionner, aider, favoriser l'inclusion, mimer l'action, etc. Il est important de caractériser notre rôle dans la démarche.

Puis, Maud nous a présenté des exemples de formes de débats différents. Elle a mentionné, le crieur public de l’Antiquité et du Moyen-Âge, les débats en cercle lors des journées Nuit Debout avec une personne au milieu pour prendre la parole, l’hémicycle à l’Assemblée Nationale, le Grand Débat du président Macron, les tables rondes avec un micro chez le Bureau Éphémère d’Activation Urbain, le débat déambulatoire de Socrate, ou encore le repas de famille. Toutes ces références prouvent que selon le contexte et l’environnement va influencer le débat. Par exemple, un débat sur un plateau TV avec des lumières et des caméras rivés sur les participants rend la discussion plus réfléchie et peut amener de la retenue chez ses derniers. Tandis qu’une ambiance autour d’une table en famille peut-être plus chaleureuse et permettre des échanges d’idées plus spontanées. Il est donc important d’avoir un support pour animer le débat, un provotype ou un objet pour faire parler comme le presse-citron de Stark : « Ce n’est pas pour presser des citrons, c’est pour entamer la conversation. » « Faire du design, c’est penser en termes de relation » László Moholy-Nagy.
Le design est une discipline évolutive qui doit s’adapter au contexte. C’est ainsi que nous devons créer notre dispositif.

Enfin Maud, nous a alimenté des références suivantes :
Les Grands Voisins, le lieu associatif
Le Pouvoir du Design sur ARTE
Le Design peut-il changer le monde ? livre édité par Télérama
CAIRN, Sciences de Design, 2015 revue
Victor Papaneck, Un Design Pour Un Monde Réel
Lors de son intervention, Floriane Leroux nous a présenté son parcours ainsi quelques projets à elles dans le but de nous inspirer.

Floriane Leroux a fait une STD2A en Bretagne avant de faire un BTS à Duperré pour enfin faire un master à Olivier de Serre (ENSAAMA). En soit ces études ont surtout porté sur la communication visuelle mais aussi sur le développement web.
Aujourd’hui, elle œuvre dans le design graphique en tant que développeuse web, illustratrice et graphiste. Ainsi, elle travaille souvent seule avec des associations.


Deux de ses projets sont intéressants pour le Design Social : DISCO SOUPE & AMICALE DU NID.



Disco Soupe est un collectif de personnes d’horizons différents pour lequel elle a réalisé l’identité visuelle et a participé au projet en tant que bénévole. Comme son nom l’indique, l’idée est de cuisiner des aliments invendus en musique afin d’arrêter le gaspillage. Il fallait ramener les "déchets" sur la place publique, car ceux ci devaient être vu de tous. Cependant cela ne devait ni être culpabilisant ni mettre en avant une culture politique précise. Ainsi, le projet s'étala sur une longue duré et dans les bonnes années de ce mouvement on pouvait voir environ 500 Disco Soupe organisées par année.

Sa mission et ainsi sa contrainte était de réaliser une charte graphique facile à assimiler pour que des personnes du monde entier sachent réaliser des affiches de communications pour les Disco Soupe tout en illustrant à la fois l'esprit festif et militant de ce mouvement. Elle a alors créé un répertoire de formes géométriques simples inspirées des formes des fruits et légumes, pour ensuite l’ajouter dans une bibliothèque d’images PowerPoint. Ce qu'elle a nommé " le guide de la cuisine graphique". Le piège était ainsi de partir sur quelque chose de trop abstrait et donc figuratif. Ainsi des affiches et documents pouvaient être largement réalisés spontanément sans la nécessité de graphiste. En effet seul un travaille de composition était demandé aux autres bénévoles. La charte graphique a ensuite été dupliqué sur d’autres affiches, des calendriers, des sites et des partitions. Ainsi, dans le monde entier de multitudes d’affiches et de supports visuels tous différents les uns des autres ont émergé. Même si l’identité visuelle était reconnaissable grâce au répertoire de formes et aux couleurs qui créé un langage visuel unique. Cela a surtout permis aux participants de se sentir légitime à la création de visuels.

Floriane a par la suite participé à Disco Fugees, qui reprenait le concept de Disco Soupe mais avec les réfugiés de Porte de la Chapelle, et ce chaque samedi du mois.  Cette fois-ci, c'était les réfugiés qui se devaient de servir les autres personnes, cela permettait ainsi de leur donner accès à plus de dignités dans leurs durs quotidiens.
Elle a alors réalisé des illustrations spontanées pour faire des affiches. De plus, dans un lycée abandonné elle a animé, grâce à ce collectif, une journée pour créer du lien avec des réfugiés soudanais et afghans. Elle a conçu des ateliers simples à l’aide de pochoirs qui permettaient de créer des affiches même avec peu de compétences et de matériel graphique. Cela avait pour but de renouer le lien entre ses communautés qui entretenaient des rapports conflictuels et de communiquer sur l'événement. En fin de journée, ils ont obtenu une fresque de pictogrammes et de typographies en arabes et françaises qui témoignait de l'implication des réfugiés dans cet événement. En effet il était important que tout le monde puissent comprendre ce qu'il ce passait et ce qu'il c'était passé.





Ensuite, Floriane Leroux a travaillé avec l’Amicale du Nid en 2015 (ce fut un projet de longue durée) qui est une association qui accompagne les gens dans la prostitution pour s’en sortir. Le but étant de parler à elles et non pas que parler d'elles. Dans ce projet elle a été employé comme designer graphique.

Au sein de ce projet, Floriane devait illustrer la dissociation d’identité des victimes qui est un syndrome post-traumatique. Avec peu de moyens elle a fait des découpes vectorielles avec des silhouettes volontairement stéréotypées et a ainsi créer une nouvelle identité visuelle pour cette enseigne. Des corps opposés étaient ainsi créés grâce au jeu de superposition. Elle a dû aussi voir son visuel en série afin qu'il soit déclinable pour plusieurs visuels.
De nouveau, elle a crée un thème dans OpenOffice pour que les membres de l’équipe puissent réaliser leurs propres supports visuelles sans avoir besoin de son aide. Dans cette même idée, elle a préparé des templates pour des posts instagram. Enfin, elle a aussi re-designé le site web et son arborescence en pensant tel un UX Designer.

Dans la continuité elle a crée un système d'affiche qui traduit 21 discours en 1 visuel mettant en avant l'entrée et a sortie de la prostitution. Cela à été possible grâce à une organisation sous forme de spirale. Ce projet nommé "j'ai osé en parler" fut traduit en 11 langues.

Elle a aussi fait un projet sur cette même thématique d'affiche avec des lycéens d'Aubervilliers. Cette fois-ci ce fut une sorte de serious game avec une idée d'intelligence collective. On pouvait notamment trouvé un jeu de carte amenant différentes tonalités aux arguments qui pouvaient être dits sur les questions de la thématique.







Deux références de jeux, données par Floriane, simples à mettre en place pour amorcer un débat de manière ludique :

Le jeu de la ligne.
Les participants se placent d’un côté ou de l’autre selon leurs opinions. Souvent un côté correspond à la réponse « Oui, je suis d’accord » et l’autre son contraire.

Le set de cartes à jouer
Lorsqu’il y a une forte contrainte de temps, ce dispositif est intéressant parce qu’il donne toutes les connaissances/règles/rôles rapidement aux participants.

Ainsi, Floriane Leroux nous a prouvé qu’avec peu de moyens graphiques il est possible d’amener du débat facilement et de faire intervenir chaque participant tout en ayant un rendu graphique à la fin.
Grâce aux outils d’autonomisation, de diffusion et de sensibilisation qu’elle met en place, Floriane lie le design graphique et le
design social.