Bruno Latour nous confronte à notre inaction face aux altérations environnementales et révise le terme de « crise écologique », il faudrait préférer le terme de « profonde mutation de notre rapport au monde » puisque le terme de « crise » sous entend à n’être seulement d’une période mal venue, mais temporaire. « La crise passera et appartiendra bien vite au passé ». À l’inverse une mutation est par définition « un changement radical et profond ». Pour citer le philosophe : « Nous étions habitués à un monde; nous passons, nous mutons dans un autre ». Pour ce qui est du terme « écologique », Bruno Latour privilégie celui de « rapport au monde ». De fait, nous oublions trop souvent qu’écologie ne veut pas dire « environnement » (soit « l’ensemble des choses qui se trouvent aux environs, autour de quelque chose »). L’écologie est « la science qui étudie les relations entre les êtres vivants (humains, animaux, végétaux) et le milieu organique ou inorganique dans lequel ils vivent ». En parlant d’ « écologie », les individus choisissent d’éloigner les mutations du monde, de les rendre vague et abstrait -ce qui est, certes, est le choix facile. Suite à cela, Bruno Latour nous rappelle que nous ne pourrons pas
vivre éternellement comme nous le faisons aujourd’hui et que nos quotidiens seront tôt ou tard « chamboulés ». Cependant, il regrette notre placidité face à « toutes ces nouvelles ».
Si « mutation » est définie ici comme « un changement radical et profond », ici l’évolution de nos modes de vie ne se fait pas de manière radicale. Bruno Latour confronte cette inaction à la rapidité avec laquelle des mesures modifiant nos modes de vie ont été adoptés
en tant de guerre. Si « les habitants des pays riches auraient été aussi inventifs qu’au temps des guerres (...) comme au XXe siècle, ils auraient résolu la question, en quatre ou cinq ans, par une transformation massive de leurs modes de vie ». Bruno Latour nous présente les choses différemment, sous l’angle de la fiction. Il nous projette dans un présent inventé où nous aurions vaincu « la grande guerre écologique » grâce aux actions de nos aïeux, initiées il y a déjà trente ou quarante ans d’aujourd’hui. C’est comme si les guerres polymorphes du XXe siècle avaient occultaient la « guerre écologique », qui se tramait en sous texte. Nous aurions à l’époque ignorer les alertes et alors que nous commençons tout juste à nous intéresser aux « générations futures, tout aurait déjà été commis par les générations passées ».
La conscience du désastre écologique remonterait pourtant aux début de l’ère industrielle, cependant au lieu de s’intéresser à ces mises en gardes, nous avons préféré « les débrancher une à une ». Selon B. Latour, nous, humains, serions capable d’une grande faculté de précaution (c’est à dire de principes d’actions, de recherches et de mises en tension) quand une situation affecte notre propre personne, nos proches ou nos possessions. Cependant, il semble que notre Terre ne sois pas vue comme une possession, une responsabilité commune puisque face au désastre écologique, nous ne nous sommes pas « jeter courageusement dans l’action ».

La folie ? 

C’est un constat qu’a pu faire Bruno LATOUR: l’écologie rend fou. Il s’agit d’une autre théorie du sociologue pour expliquer le déni global dans lequel s’est plongé l’humanité. Une partie de la population (complotistes, climato-sceptiques...) ne croient pas en les faits qui leur sont présentés. Ils sont convaincus que les médias relayent de fausses informations dans l’unique but d’imposer un socialisme de masse. Encore une histoire de politique! Le problème fondamental semble tout de même plus complexe étant donné que la majorité des citoyens croient ce qu’on leur énonce, mais n’agissent pourtant pas. LATOUR pense qu’il s’agirait plutôt de la manière dont ils perçoivent l’information scientifique. Ceux-ci, il les appelle les “quiétistes”. Ils entendent les sonnettes d’alarme, mais prennent l’information de loin, par peur même de paniquer. Ils ne veulent pas se soucier de cela, et souvent prêchent ne rien pouvoir faire à leur petite échelle. Le message est clair. On ne peut plus plus compter sur l’effet de surprise que
pourrait avoir l’information sur les mentalités. Brusquer la population ne servirait à rien. Son inaction n’en serait que décuplée. Ainsi, il propose de partir de ce constat général, que notre perception du monde est complètement altérée. Si bien que la majeure partie de l’humanité n’est pas en mesure de comprendre les signaux d’alerte. Il faudrait donc prendre ce paramètre en compte dans la transmission des données scientifiques. Trouver un moyen de toucher chaque individu et ainsi faire bouger les choses.

Un rapport Homme/Nature

Ces deux termes sont mal définis dans la vie de tous les jours. B. Latour nous rappelle que dans notre monde occidental, l’humain se dit être un homme et une femme de culture et non de Nature. Il s’exclut totalement de ce monde. La mutation écologique que
nous vivons démontre que nous allons devoir régresser. Dans notre société où le progrès est un signe de réussite, d’évidence, montre que tout cela pourrait s'arrêter. Pour Bruno Latour l’humain est autant un homme de la culture que de la nature. L’expression « rapport au monde » soulève deux sortes de domaines, celui de la culture et celui de la nature. Il ne faut pas diviser les deux termes. La nature et la culture vont ensemble. Finalement ils ne sont qu’ une même idée, dérivée en deux catégories
différentes. Pour mieux comprendre ce concept, Bruno Latour montre deux exemples. Celui de l’homme, dans
notre parties lorsque l’on utilise le mot «homme» celui désigne tout le monde, lorsque l’on dit «femme» qui lui désigne une caractéristique spécifique. D’où le terme «humain» qui joue le rôle d’un terme commun. Puis le philosophe nous fait nous questionner sur le rapport avec l’objet regardé. Il prend pour exemple
une peinture de paysage. L’objet est la Nature, l’opérateur est le peintre et l’objet regardant est le spectateur. L’opérateur a un rôle « d’organisateur du regard du spectateur », il change notre perception de la Nature.
Bruno Latour .

Le diagnostic
Vivre à l’époque d’une crise écologique c’est vivre une
mutation radicale de notre société et de son
environnement. Cette mutation met en évident des
questions écologiques qui étaient autrefois appelées
des questions d’environnement. Aujourd’hui cette
mutation est importante et change donc de manière
profonde notre rapport au monde. Mais jusqu’à
maintenant notre réaction reste le stoïcisme.
Cependant, il faudrait voir des changements de nos
modes de production et des inventions de nouvelles
techniques. Et c’est notamment une réaction que
devrait avoir les habitants des pays riches. La
transformation massive passerait à travers nos modes
de vie.Mais nous aurions dû agir il y a une trentaine d’années et la crise climatique serait déjà derrière nous. On aurait dû faire usage du progrès comme nous l’avons su faire durant les années de guerre auparavant. (Le programme Manhattan). Ainsi cette crise n’est donc pas passagère mais est une profonde altération de notre rapport au monde. On pourrait dire que c’est une autre guerre qui nous attend désormais. En effet, ce n’est plus une menace à venir, c’est une situation devenue irréversible malgré le fait que la conscience des désastres écologiques est ancienne, on peut notamment la mettre en lien avec
« l’ère industrielle » ou la « civilisation mécanique ». Et même si dans d’autres situations nous avons pris l’habitude de nous placés du côté de la sûreté, ce ne fut pas le cas pour cette question, on ne peut noter des principes de précaution malgré les diagnostics de ce qu’on appelle les « experts ». Ce qui dépeint avec les réactions que nous avons pu avoir dans la Grande Guerre. La défaite nous pourrait alors possible vis-à-vis de cette problématique.
La folie comme réaction face aux problèmes climatique. On peut mettre en lien nos réactions face à cette « altération du rapport au monde » avec la folie. Car nous faisons face à des mutations dont nous ignorons les grandeurs et les répercussions, ce qui a de quoi nous faire adopter à nouveau mode de pensée. Mais cette folie se retrouve à travers divers comportements. Par exemple une partie de la population, des intellectuels, des journalistes, ainsi que certains experts (qui guident ces mêmes personnes) gardent leur calme car ils ont la croyance que les données des scientifiques ont été manipulées et ainsi exagérées. Ainsi ils pensent s’opposer à des « catastrophistes ».
Ceux qu’on appelle aujourd’hui les « climato-septiques » ou encore les « climato-négtiosnnistes ». On retrouve souvent dans leurs discours des « théories du complot ». C’est par exemple, certains Étasuniens qui voient à travers ces alarmes sur le climat une façon détournée d’imposer le socialisme dans leur propre État, alors ils se rebellent face à ces opinions. Cependant, pour l’auteur, cette idéologie reste moins alarmante à l’échelle mondiale et l’appellerais ainsi une folie « quiétiste » (en référence à une tradition religieuse). En soi ces « climato-quiétiste » ne remettent en aucun cas en question leurs modes de vie et donc leurs modes de production. Pour l’auteur, on peut trouver de même un autre groupe, qui seraient eux moins nombreux mais qui s’engageraient dans une sorte de panique menant à la frénésie.
Leur mode de penser consiste à croire en une domination encore plus rapide de notre environnement.
Pour eux, il faudrait mieux qu’on adopte une domination totale sur la nature et appellerait cela « geo-ingenierie ». Ainsi le principe de modernisation se doit d’être davantage poussé. D’autres se sentiraient plongés dans une impasse entre la prise de mesures radicales et l’ignorance. On pourrait lier cela à un syndrome dépressif pour l’auteur, ou des sentiments de tristesse, cafard, mélancolie ou encore neurasthénie. Ils ressentent ainsi une grande peur lors de leurs prises d’information par panique de voir le bilan s’alourdir sans qu’ils ne puissent réellement agir. Il existe un autre profil de personne, et eux se
réconfortent à travers la possible mise en place d’action collective. Le principe serait d’agir avec
rationalité, dans un respect des institutions existantes. L’auteur les voit comme des
« bipolaires » qui se verraient être en surplus d’énergie dans ce qu’on nomme « phase maniaque » et qui dans leur phase descendante se laisseraient plonger dans des modes de pensée sordides. Et pour l’auteur, même ceux qui échappent à ces symptômes précédemment expliqués ne seraient eux aussi pas sains d’esprit. Ce serait des artistes, ermites, jardiniers, explorateurs , activiste ou naturalistes qui trouveraient d’autres moyens pour pallier l’angoisse que créer ce sujet. Alors les questions écologiques rendraient fou car on ne pourrait parvenir à une guérison de notre appartenance à notre environnement. Mais une solution pourrait exister, elle consistait à tout simplement croire que nous n’appartenons pas à ce monde, que
nous sommes ainsi étrangers de lui. Cependant les constats sont définitifs et aucun demi-jour n’est
envisageable. On devrait alors s’engager dans un « parcours de soin » comme le définit l’auteur sans pour autant se penser sauver d’ici peu. Le progrès est possible mais il consisterait plutôt à revenir en arrière, à rétroprogresser. On apprendrait à vivre en compagnies de nos maux, car les questions écologies ont crée un fait : l’altération à notre rapport au monde. Et il faut remonter à la source des problèmes que cette altération implique.
Le problème de la possible opposition entre Nature et Culture. Nous sommes donc littéralement aliénés à notre monde, nous avons un « rapport au monde ». Les débats écologiques nous le font comprendre car ils mettent souvent la lumière sur le fait que l’Homme « appartient à la nature ». On devrait alors se
conformer à ce « monde naturel ». Mais le débat réside dans notre appartenance à celui-ci, en effet dans les traditions occidentales l’Homme se distinguerait de la nature, il n’y aurait pas de véritable union dans ce cas. Et cette notion de « culture » semble de fait s’opposer radicalement à la « nature ». La culture refléterait notre société, notre civilisation, et ainsi l’être humain serait avant tout un être dit culturel. On retrouve comme argument le fait que si un humain se rapprocherait d’un caractère naturel il serait perçu comme un objet matériel ou encore un animal. Ainsi, la
panique résiderait dans la peur de devoir retourner à une sorte « d’animalité brute ». Le retour « à la
nature » serait perçu comme un retour à « l’âge des Cavernes ». Cependant la nature reste profondément
liée à la culture, l’un ne peut se défaire de l’autre. Impossible serait de définir l’un sans l’autre d’ailleurs.
Ainsi nous ne ferions pas affaire à deux domaines distincts mains un seul est unique concept réparti en deux parties reliées. Ce mode de pensée est similaire dans la liaison du terme « homme et « femme » par le mot « humain ». On pourrait alors définir ce concept en passant par la convention typographique que propose l’auteur Nature/Culture. Pour l’auteur, l’expression « appartenir à la nature » n‘aurait guère de sens car la nature ne serait qu’un élément d’un complexe et en ce sens la nature n’existerait pas comme « domaine ». Mais on retrouve aussi l’expression « agir conformément à sa nature » ou encore « vivre selon sa vraie nature ». Mais ces expressions sous-entendent une dimension normative nous orientant ainsi vers un unique modèle de vie, une pensée universelle (sans doute impossible). Il faudrait donc soit « apprendre à lutter » contre cette « nature humaine », soit « apprendre à respecter » celle-ci. On entend de même à travers l’invocation d’un « droit naturel » qu’il s’y trouve un ensemble de règles (presque juridiques). Le terme naturel rimerait alors avec « moral », « légal », et « respectable ». Et ainsi il se doit dit voir en cela des autorités luttant contre des actes perçus comme « contre-nature ». On retrouverait donc une idéologie derrière le terme « nature ». Donc on pourrait avoir à la fois une nature entre guillemets et une sans. Alors comme le dit l’auteur, ce qui était possible pour Aristote, ne l’est plus aujourd’hui : la nature ne peut unifier la cité. De plus que l’on entend aussi parler de la notion de « monde naturel ». Et, cette fois-ci, tout le monde serait apparemment d’accord sur le fait que ce monde ne pourrait dicter l’humain ce que celui-ci se doit de faire. Ainsi, contrairement aux cas précédents, l’auteur pense que dans ce cas-ci, le « naturel » se définirait comme non pas ce qui est juste, mais seulement par ce qui « est juste là, sans plus ». Mais la distance entre ces deux principes est infime et reste instable. Cela voudrait dire en soi, avoir une exigence morale qui se caractériserait par le fait de s’abstenir entièrement de morale. On peut alors pointer du doigt ce profond paradoxe.
Donc : il faudrait respecter les lois de la nature qui s’imposent à tous quoi qu’on fasse et quoi qu’on pense. On retrouve dans cette idéologie un mode de
pensée virilisme qui mise majoritairement sur le fait d’imposer quelque chose sans avoir la permission de la contester. On voit alors dans ces idées une volonté de concrétiser un idéal politique par excellence
( « l’accord des esprits en dépit des désaccords sur les questions morales »). Et encore une fois il faudrait rechercher ce que certains caractériseraient comme des actes « contre-nature ».