Le Design Social



Il n’est pas évident de prime abord de comprendre ce qu’est vraiment le Design Social et ce qu’il implique. Sur le papier, cette pratique est nouvelle et va de pair avec d’autres nouvelles pratiques comme le design de communication ou encore le design thinking. Toutes ces formes de design reposent sur un principe de co-créativité et donc de collaboration entre divers acteurs.

Mais on peut aussi mettre en lien ce type de design avec le courant de pensée de la contre-école de design nommée « Global Tools » (1972) qui souhaitait privilégier l’inclusion des usagers dans leurs projets de design et en les voyant comme des individus sensibles.

Tout d’abord on y trouve le terme « Design » qui fait appel à la conception de projet qui ont normalement comme but premier d’améliorer la vie quotidienne. Le terme « Social », lui fait appel au principe de vivre-ensemble, d’individus liés à un environnement et en somme à des projets de société. Ainsi, le Design social pourrait se caractériser comme étant des méthodes et des pensées de designer mis au profit de l’innovation sociale. En soi, cela est vaste, et c’est pour cela que la pratique du design social est globalement interdisciplinaire et lie une grande diversité d’acteurs. C’est d’ailleurs ce lien entre acteurs et concepteurs/spécialistes qui cherche à être préservé et valorisé dans la pratique du design social. Personne ne doit se sentir exclu à la création qui plut est quand les personnes exclues sont les usagers du projet.

Le design social se caractérise aussi à travers la facilitation graphique. Des comptes rendus des événements oraux ou autre sont faits, par exemple des prises de notes peuvent avoir lieu. En effet il est très important dans ce type de design d’organiser et de structurer ce qui est fait en temps réel. Il est ainsi non négligeable d’imaginer toutes les possibilités de déroulement du procédé afin de toujours savoir répondre aux « problèmes » vécus. Ainsi, il faut prendre en compte le déroulement du projet, mais de même l’espace nécessaire à celui-ci et enfin les outils adéquats pour que l’ensemble puisse prendre forme.

De plus il faut savoir qu’elle sera la place du ou des designers dans le processus ainsi que la place des participants. Des rôles seront donc distribués afin de répondre au mieux à la problématique choisie.

Les pratiques participatives du design puisent leurs sources de divers endroits. Le graphisme d’auteur avec Grapus, les ateliers populaires, Roland Barthe, Jacques Durand font partie de ses sources. A travers les pratiques de ses acteurs de nouveaux questionnements voient le jour. Ainsi, il est plus ou moins intégré le fait que les institutions ne peuvent adopter le même type de communication que les entreprises. Alors, des besoins particuliers sont identifiés dans le milieu de la communication graphique. En fonction de notre destinataire et de notre prestataire nos intentions vis-à-vis de notre pratique ne pourront vraisemblablement être la même.

Pour des exemples de pratiques participatives on peut nommer l’urbanisme alternatif. Un des acteurs représentatifs de cette pratique est Lucien Kroll qui a son atelier d’architecture et d’urbanisme qu’il tient avec son épouse Simone Kroll depuis 1951. Pour lui, la discussion avec les habitants avant toutes nouvelles élaborations de constructions est primordiale. Il s’est vu lors d’un projet dans la ville de Bordeaux déposé lui-même dans les boîtes aux lettres des riverains ce mot « Un architecte belge souhaite rencontrer les gens locaux pour un projet en route ; est-ce que vous pourriez venir tel jour à telle heure ». Il leur a alors demandé comment ils vivaient afin de cerner au mieux les enjeux qui pouvaient se cacher derrière son projet. La discussion entre les riverains a alors pris de l’ampleur laissant l’architecte s’est ffacer de plus en plus. Ainsi, sa démarche réside surtout à aller chercher ses personnes concernées plutôt que de décider à leur place. De fait, les logements créés furent tous uniques et répondirent aux besoins de chacun.

Rendre actif ce type d’acteurs permet qui plus est de minimiser certains coups et de favoriser les activités locales, ce qui démontre qu’on retrouve aussi une dimension politique dans le design social. Dans cette même continuité le collectif d’architectes « Encore Heureux » entreprend des pratiques d’urbanisme alternatif reposant sur la coproduction avec les habitants. Mais la liste de s’arrête pas là, on pourra rajouter le « Collectif ETC » ou encore « Bruit du Frigo », « Archigram », etc.



D’autres propositions de design se font à travers le design spéculatif et donc le design fiction. Celui-ci fait appel a des scénarios ainsi que des provotypes, servant comme son nom l’indique à engendrer une réaction. Dans ce cas, le designer n’adoptera pas une posture traditionnelle, en effet, plutôt que de se concentrer sur la faisabilité et la commercialisation de ses propositions, il se concentrera sur la mise en discussion de problématiques. Ces spéculations se transformeront en un objet qui sera le provotype. Cette forme de design permet de soutenir une certaine pluralité des visions qui est primordiale à conserver dans le domaine du design.

On trouve comme possible exemple de provotype le jeu. Car le jeu n’a pas forcément qu’une qualité pédagogique pour la jeunesse mais peut par exemple parfaitement s’adapter au milieu de l’entreprise. Mais celui-ci s’apprécie à travers diverses qualités :

Game plat ( manipulations, sensations) ; Mécaniques de jeu (règles) ; Meta (pratiques) ; Lore (histoire) ; Roleplay (suspension qu’incrédulité). Ainsi de nombreuses possibilités sont possibles rien qu’a travers le jeu. Johan Huizinga et Roger Caillois ont par exemple théorisé le fait que le jeu a une fonction sociale et que celui-ci est partout. On retrouve aussi des tableaux de logique de jeux dictant plusieurs catégories en fonction de leurs pédagogies, l’aspect ludique que celui-ci implique, la part de chance, d’esprit de compétition, si on y trouve un maître du jeu, etc.

Nous avons vu ainsi, un certain pant de ce que peut être le design social, cependant étant donné que celui-ci dépend de nos sociétés mondialisées et complexes il est en vrai presque impossible de définir ce terme concrètement. En effet, le design social évolue tout comme nos sociétés le font.
LE DESIGN SOCIAL



Qu’est-ce que le design social ?

Le design social est un moyen de repenser les usages, trouver de nouvelles alternatives et permettre la construction de communs. Il est fait avec et pour les citoyens. Il existe sous plusieurs formes mais il mobilise toujours la population. On peut le voir dans l’architecture avec la création d’espace avec les habitants pour les habitants lors des permanences architecturales. On le retrouve aussi sur des domaines tels que la santé, l’action publique, l’éducation, la culture, le développement territorial ou l’humanitaire. C’est le design qui est conscient de son rôle dans la société permettant de transformer la manière de penser politique, éducative et culturelle. Il se dirige directement vers la population. Le design social sollicite plusieurs domaines du design notamment le design d’objet, le graphisme, l’architecture et bien plus. Des rencontres et collaborations sont donc opérées. Une des intentions principales du design social est de favoriser la parole et la transmission de savoirs. Il y a aussi une ambition de déconstruire et de faire évoluer les manières de penser.



Sous quelles formes peut-on retrouver LE design social ?

Le design social peut prendre des formes très diverses. Il peut apparaître sous la forme de résidences, d’ateliers participatifs et/ou de jeux ou il peut juste prendre la forme de sondages ou de témoignages.

Les activités dans ses ateliers peuvent se traduire par la création de supports graphiques comme des affiches, des pancartes ou des banderoles. Elles peuvent se traduire par une discussion enregistrée, un débat autour d’une table, du théâtre avec un jeu de rôle, de la danse voire même du sport. Ce que l’on appelle les Serious Games sont très utilisés, notamment en entreprise, pour leur capacité à plaire mais surtout à impliquer les participants. Le jeu vidéo, première industrie culturelle mondiale, permet d’intégrer des valeurs rapidement. « Apprendre en jouant ». Adibou est le plus bel exemple de Serious Game.

Pour les ateliers ayant une approche graphique, on retrouve très souvent les mêmes techniques au sein des dispositifs. La sérigraphie, les tampons, les pochoirs, ou encore les outils préparés au préalable sont les plus récurrents car ils sont simples et rapides à mettre en place et à prendre en main pour le novice. Aussi ces procédés sont choisis pour leur impact graphique, malgré le peu de moyens déployés.
De ce fait, on observe un registre visuel très reconnaissable notamment par ses typographies très souvent manuscrites, par l’usage de couleurs très saturées et pour la plupart primaires et par ses rendus imparfaits.
Souvent il s’agit de donner la parole à ceux qui ne l’ont pas, c’est-à-dire, les minorités ou les personnes issus de milieux sociaux défavorisés.
Le design thinking, qui est le mouvement symbolique de l’intelligence collective dans la Sillicon Valley durant les années 70/80 a été une source d’inspiration au design social. Cependant, il restait très critiqué aux États-Unis.



Quelques exemples

Ce courant appartenant au design a été lancé par le collectif GRAPUS dans les années 70/80, notamment grâce à l’utilisation de la sérigraphie, pour son rapport de production court. Ce sont eux à l’origine de l’identité graphique du Secours Populaire Français. Le penseur, philosophe et critique français Roland Barthes a beaucoup influencé les pensées de ce courant. GRAPUS a continué à développer ce mouvement puis des designers comme Ruedi Baur avec ses identités graphiques institutionnelles ou Gaetano Pesce avec son canapé qui implique l’avis de l’ouvrier dans la chaine de réalisation permettent à ce dernier de prendre de l’ampleur. À la même époque, les collectifs Archigram et Archizoom proposaient des réponses à des problématiques sociales. Cependant leurs projets restaient à l’état conceptuel. Ensuite, les architectes comme Patrick Bouchain ont commencé à se rapprocher des protagonistes de leurs projets, autrement dit des habitants, en faisant des permanences architecturales. Puis l’ère de l’urbanisme collectif a débuté avec notamment le Collectif ETC qui réhabilite les territoires Le mouvement de designers italiens Global Tools s’inscrit dans ce courant. Ils se rendaient dans les quartiers pauvres afin de faire de l’art avec les matériaux dits « pauvres ». Cela reprenait le principe de l’Arte Povera. Aussi, au Venezuela les Cartoneras sont des ateliers de co-conception de couvertures de livres à partir de livres retrouvés ou jetés dans les poubelles. Ce mouvement alternatif associatif appartient aussi au design social.
De nos jours, les collectifs Formes Vives, Fabrication Maison ou encore Ne Rougissez Pas ! sont les figures de proues contemporaines du design social en France.

Idriss