Jean-Marc Jancovici

Du business sans énergie et sans climat ?

Conférence à l’ESCP, École supérieure de commerce de Paris.
(https://www.youtube.com/watch?v=LCZQZMpfAWE&t=1184s)

Qui est J-M Jancovici ?

Ingénieur de l'École polytechnique, diplômé de l'École nationale supérieure des télécommunications, il est le créateur du bilan carbone qu'il a développé au sein de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie. Depuis 2008, il est enseignant vacataire à l’École nationale supérieure des mines de Paris. Connu pour ses conférences de sensibilisation et de vulgarisation sur les thèmes du réchauffement climatique et de l’énergie, depuis 2018, il est membre du Haut Conseil pour le climat auprès du Premier ministre. Engagé dans la lutte
contre le réchauffement climatique, en particulier dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre, il milite notamment pour la taxe carbone et la production d’énergie nucléaire civile, positions qui lui attirent des critiques. Selon lui, le modèle des sociétés occidentales est voué à la décroissance, car leur système économique dépendant d’énergie provenant essentiellement des combustibles fossiles n’est pas pérenne.

Conférence :

PIB = énergies = Co2
Ressources renouvelables : se renouvelle à l’échelle d’une vie.
- vent, soleil, eau, êtres vivant...
Ressources non renouvelables : ne se renouvelle pas à l’échelle d’une vie.
- minerais, pétrole, charbon...
Toutes ces ressources sont gratuites ( ‘’ offerte pas la Terre’’ ) formées depuis 14M d’année
depuis le Big Bang.
Ces ressources sont extraites puis transformées afin de répondre à des besoins. ( tailler du silex
- faire des machines à café )
À l’ère du paléolithique, l’impact de l’Homme sur les ressources naturelles de la Terre sont
imperceptibles ( malgré des pénuries de silex dans certaines zones ) Aujourd'hui l’impact est
d’avantage marquant sur certaines ressources (quantité de pétrole...)

Esclave Énergétique ?

L’esclave énergétique est une unité de mesure de l'énergie, comparant une consommation d'énergie annuelle avec un équivalent de production mécanique et calorifique qu'un adulte en bonne santé pourrait produire en un an.
-> démultiplier nos propres forces afin d'extraire plus vite et de manière plus efficace les
ressources.
Cela permet notamment de créer un Capital.
-> partie de la production passée qui peut être mise au profit de la production future.
Qui va conduire à un accroissement démographique qui va engendrer un plus grand capital
et ainsi de suite. Le stock de ressources non renouvelable réduit donc drastiquement et inévitablement. Aujourd’hui, en devenant tellement nombreux et productif, les ressources renouvelables
diminuent également. ( poissons, forêts...)
Sous-Produits indésirables qui empestent nos modes de vie ( shampoing l’oréal ) qui contribuent à la pollution et à une utilisation de ressources non-renouvelables.

Pollution : éléments que l’on rejette dans l'environnement qui viennent dégrader la qualité des
actifs restant. ( Co2, plastique...)
L'économie est basée exclusivement sur les contributions humaines nécessaire à l'obtention
d’un bien. ( Si j’achète un verre, je ne paye pas la matière mais tout l'empilement de salaire et de rentes qui ont permis l’extraction et la transformation de la matière gratuite )
Faut-il produire des biens avec des ressources non renouvelables jusqu'à épuisement ? Ou alors se contenter de ce que l'ont a ?
La comparaison entre IronMan et l’Homme permet de montrer l'étendue des sources d'énergie que l’on a à disposition. (parc mondial de machines) = énergies.

L’Homme produit de l’énergie ( 50 Watt/jour ) mais la décuple avec l’aide de machines, qui permettent une meilleure efficacité et un meilleur rendement. Des lors que son compare cela avec des appareils électroménagers, on peut se rendre de la consommation émise par des objets du quotidien ( aspirateur = 1000W) plus on augmente la taille des objets plus la
consommation augmente et donc la consommation d’énergies aussi. ( camion= 400kW )
Toutes ces machines utilisent principalement du pétrole et de l’électricité.

60% de la production totale d'énergie est faite à l’aide d’énergie fossile ( gaz, charbon, pétrole ) Faire baisser la production de co2 sans baisser le PIB est impossible aujourd’hui. Les énergies sont responsable de tous nos changements de vie
( intégralité des métiers sont liés à l’énergie)
ainsi que la formation des villes, et de la mondialisation.

Le climat contribue à la démographie de l’espèce humaine. Certains climat ne sont pas favorables à un développement démographique important, cela est du à un manque ou faible taux de ressources permettant un accroissement de population. ( ère glaciaire, désert...)
Un changement brut des conditions climatique aurait des répercussions dramatiques sur notre système qui est ‘’stable’’ depuis des milliers d’années.
( population sédentaire )
L’Énergie Hydroélectrique .

Qui nous parle dans cette vidéo de l’énergie hydroélectrique ?

David Garcia est l’interlocuteur mais il est avant
tout un journaliste d’investigation indépendant
collaborant avec Le Monde Diplomatique. Il est aussi l’auteur d’une enquête dans ce même média en juin 2019 nommé " Privatisations, l’acharnement : Les barrages hydroélectriques dans le viseur de Bruxelles."

Qu’est-ce que l’énergie hydroélectrique et qu’implique-t-elle ?

L'énergie hydroélectrique est une énergie qui utilise
l'énergie hydraulique pour produire de l'électricité
grâce à une turbine hydroélectrique. Celle-ci
convertit en électricité l'énergie mécanique de l'eau
en mouvement (chute d'eau, cours d'eau, courant, etc). Il existe deux types de centrales hydroélectriques :

•les centrales au fil de l'eau qui utilisent le débit
d'un cours d'eau en continu
•les centrales situées au niveau d'un barrage avec
une retenue d'eau. Cette énergie a comme avantage de créer une réserve d'eau immédiatement disponible lors des pointes de consommation.

En France, l'hydroélectricité est la deuxième source de production d'électricité derrière le nucléaire et donc la première énergie renouvelable. Elle représente environ 12 % de la production d'électricité française. Avec 25 GW, la France dispose du deuxième parc hydroélectrique européen, derrière la Norvège.
L'énergie hydroélectrique nécessite un investissement important, mais elle produit une électricité de manière renouvelable et en émettant très peu de gaz à effet de serre. Cependant, la construction d'un barrage a un impact sur la vie du cours d'eau : c'est un obstacle à la circulation des espèces (notamment celles qui migrent comme les anguilles), des sédiments et des embarcations. L'installation du barrage doit tout de même préserver un débit minimum sur le cours d'eau. Des passes à poissons peuvent être installées. Les ouvrages hydrauliques font l'objet d'une surveillance particulière en raison du risque de rupture.

Comment cette énergie est-elle perçue par la France et l’Europe ?

Les barrages restent en France tout de même la propriété de l’Etat ce qui n’est pas le cas dans tous les pays d’Europe. En France on retrouve un régime de concession, l’objectif des gouvernements français et des commissions européennes successives est de privatiser la gestion des biens communs (aéroport, rails, écoles, universités, etc.) dont les barrages qui produisent 12% de l’électricité (avec des
concessions de 75 ans) et des installations de
production d’énergie hydraulique renouvelable.
Et EDF n’est pas le seul acteur de ce secteur, il y
a aussi ENGIE à travers deux filiales. Cependant la commission européenne insiste auprès de gouvernement français pour une mise en concurrence de ce domaine.
D’après un rapport, l’ouverture à la concurrence de 25% des concessions de barrages lancés par le gouvernement FILLON en 2010, dans le cadre des directives européennes constitue une menace pour l’intérêt général, l’efficience économique, la sûreté des installations, le multi usage de l’eau et l’indépendance énergétique. Mais la Comission européenne à un argument économique pour cette libéralisation des prix. Cependant cette possible libéralisation des énergies hydroélectriques ne prend pas au compte les autres utilisations de l’eau en lien avec cette même énergie.
Le fait que cette énergie soit en partie publique permet de mutualiser les coûts (d’aménagements par exemple) de projets. Alors qu’un marché éclaté entraîne une contrepartie financière qui risque d’être un poids trop important pour les collectivités locales. Cela amène ainsi à des impossibilités de mise en œuvre de projet.
En effet, le but premier des entreprises privées est de faire du profit. On peut alors se demander qui va payer lors de problèmes sécheresse ou de questions d’irrigation. Par exemple Le Lot (cours d’eau) reflétait un accord entre EDF et les départements, dans lequel EDF s’engageait à l’irrigation des territoires et que les départements participaient à base d’investissements financiers. Ainsi, il n’y avait plus de situation de sécheresse et l’activité du
tourisme était denouveau possible alors que celle-ci avait disparu à cause de la sécheresse dans les années 60/90.

La privatisation amène aussi à réfléchir à la
problématique de la sécurité et du niveau de sécurité que ces infrastructures doivent engendrer.
L’argument de ceux qui souhaite une privatisation
de ce milieu est la mode en place de cahiers des charges. Cependant on sait que quand EDF avait commencé à se comporter comme un groupe privé, il y a eu un accident en 2006 avec le barrage de Tuillères en
Dordogne qui s’est traduit par une vanne qui a cédé
et crée une grosse lame d’eau . EDF se sont rendu compte du problème et ont organiser un plan nommé « super-hydro» qui visait à revoir la sécurité de ces lieux. On voit ainsi qu’il faut malheureusement que des accidents arrivent pour que des mesures soient possiblement envisageables aux yeux des
« propriétaires ». De même que la privatisation nécessite une entente entre multiples acteurs qui n’est pas forcément possible et rapide.
On retrouve dans cette même lignée la problématique du lien entre les différentes énergies et ainsi la complexité de leur dépendance si celles-ci appartiennent à différentes personnes/groupes.

Par exemple, depuis les années 1970, le gouvernement et EDF ont fait le choix du tout nucléaire (74,5 % de la production française en 2003) grâce à l’expertise militaire en faisant la promotion du gaspillage du tout électrique (les usages thermiques de l’électricité et le chauffage ). Et un rapport de Sud Énergie a mis en lumière la problématique de la centrale nucléaire de Pugey (Rhône alpes). Qui est une centrale gérée par EDF, qui possédait aussi tous les barrages hydroélectriques sur le Rhône. Mais la concession d’exploitation de 75 ans accordée à la CNR en 1934 a pris effet en 1948. Et son échéance est prévue en 2023. Donc en 2015, la CNR-ENGIE exploitait 19 barrages sur le Rhône. Alors, CNR devait donc faire un effort pour refroidir les réacteurs nucléaires avec l’eau d’un barrage, comme cela était fait auparavant. Mais ils ont explicité que cela impliquait de l’argent. Ainsi des accords ont dû avoir lieu et le temps que ceux-ci se fassent des risques ont été pris à ne pas refroidir cette eau.
On retrouve en plus la question du coût de l’électricité (optimisation). Il est vrai que d’un point de vue économique c’est intéressant de produire de l’électricité avec les barrages hydroélectriques durant les heures pleines ( matin et soir ) mais les barrages ont aussi une autre fonction, en cas de coupure dans une centrale nucléaire, les barrages hydroélectriques sont utilisés pour redémarrer le système. Alors on comprend l’importance que l’on peut voir à garder ces énergies publiques car il est évident que le secteur public sert avant tout le public avant le profit.
La question des barrages hydroélectriques n’est pas prise au sérieux, ils sont vus comme une monnaie d’échange dans les débats européens et les projets d’EDF le montrent bien.
En effet, le projet de restructuration d’EDF nommé « HERCULE » depuis 2014 vise à découper EDF avec d’un côté une structure publique ayant des risques financiers importants (et appelés à décroître) consacrés au nucléaire (plus les grands barrages) et de l’autre les activités rentables à privatiser énergies renouvelables, commercialisation, transports (RTE), etc.
FRANÇOIS-MARIE BRÉON

CLIQUE Clément Viktorovitch :
COMMENT VIVRE AVEC OU SANS LE NUCLÉAIRE ?

François-Marie Bréon est un physicien, climatologue et chercheur au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement. Sa spécialité initiale est l’utilisation des satellites pour observer et comprendre le climat de la Terre. Il a ensuite abordé d’autres thématiques, en particulier le bilan d’énergie du climat et le cycle du carbone.Il a contribué à l’écriture du 5ème rapport du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernementales sur l’évolution du Climat). Depuis octobre 2020, il est président de l’AFIS (Association française pour l'information scientifique). Il est aussi l’auteur de deux ouvrages, l’un nommé Atlas du climat, Face aux défis du réchauffement publié en 2015 et l’autre Réchauffement climatique paru en 2020.
Au sein de l’émission de CLIQUE Viens voir les docteurs, le présentateur et agent du débat Clément Viktorovitch a réuni 3 spécialistes, dont François-Marie Bréon, pour débattre autour de l’énergie nucléaire en France. Clément Viktorovitch à articuler le débat autour de questions principales et clivées : Comment vivre avec ou sans le nucléaire ? La France doit-elle sortir du nucléaire ? Faut-il arrêter nos centrales nucléaires ? Nous allons donc voir quelles sont les idées que François-Marie Bréon défend. Les propos qui suivent sont une restitution des propos évoqués par le chercheur lui-même.


En tant que climatologue l’intérêt de François-Marie Bréon pour les énergies est légitime car le changement climatique, étant un danger pour la planète, est généré par l’augmentation des gaz à effet de serre. Or ses gaz sont émis par l’agriculture, la déforestation mais surtout par la combustion du charbon, du gaz naturel, et du pétrole (80%), qui amène du dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère. Donc le climat est modifié en très grande partie par la création d’énergies.


Pour contrer ce réchauffement climatique, il faut alors réduire ces émissions, nous devons alors faire une transition énergétique. La transition énergétique consiste à sortir le plus rapidement possible des énergies fossiles qui sont des énergies carbonées pour, selon François-Marie Bréon, les remplacer par une sobriété énergétique donc une réduction de nos consommations et aussi un transfert des usages vers l’électricité.


L’électricité est une des formes de transport d’énergie. En France, seulement 20% de notre énergie est de l’électricité, le reste étant des combustibles fossiles comme l’essence, le gaz naturel, ou encore une minorité de charbon. L’objectif est d’utiliser des énergies décarbonées dont les énergies renouvelables comme l’éolien, le soleil ou encore l’hydraulique mais aussi le nucléaire.


L’énergie nucléaire est celle qui émet le moins de CO2 et elle est pilotable puisqu’elle peut être fournie à la demande, au même titre que l’hydraulique, ce qui est un énorme avantage. Cependant l’hydraulique dépend de la situation géographique et topologique. Lorsqu’on parle de « 100% renouvelable » cela correspond au « 100% d’électricité renouvelable » et non au « 100% d’énergie renouvelable » car hormis certaines exceptions comme la Norvège, il est difficile de faire du 100% énergie renouvelable. Selon François-Marie Bréon il est donc difficile d’imaginer le « 100% énergie renouvelable » car le système électrique est sûr mais ses développements techniques ne sont pas encore validés et trop incertains. Cela n’a jamais été fait. C’est un pari sur l’avenir qui comporte des risques et qui s’il échoue aboutira sur un raté des objectifs climatiques, puisqu’il y aura toujours des émissions de gaz à effet de serre.
À l’opposé des scénarios 100% électriques qui supposent une forte baisse de la consommation électrique, François-Marie Bréon opte pour un transfert des usages des énergies carbonées vers l’électricité. Il est donc favorable à une très forte augmentation de la consommation et de la production électrique. De plus, le pari de faire du 100% renouvelable paraît beaucoup moins atteignable que celui de reconstruire des centrales nucléaires. Car reconstruire des centrales est un objectif que l’on a déjà su remplir dans les années 90.
En France, il y a une dizaine de pourcents de l’électricité qui est fournie par l’hydraulique. La part de l’hydraulique dans le mix électrique français est importante pour sa quantité mais surtout pour son service. Cependant, le nucléaire apporte une base peu carbonée et sûr puisqu’elle est disponible à la demande. Ainsi, avec le nucléaire, il est possible de faire varier la production car elle s’ajuste selon la demande, selon les périodes, selon les saisons... En hiver, on a besoin de plus d’électricité qu’en été. En comparaison avec le mix énergétique de l’Allemagne, ce pays utilise très peu de nucléaire mais beaucoup d’énergies fossiles et a par conséquent une intensité carbone beaucoup plus élevée que celle de la France. Le parc éolien allemand est équivalent au parc nucléaire français (60 GW). Malgré ces installations, la production d’énergie est de seulement 5 à 10 GW lorsqu’il y a peu de vent. A contrario, lors des jours où le vent bénéficie au système, il est possible d’atteindre 50 GW d’éolien mais l’intensité carbone ne rejoint pas la faible intensité de la France. Donc l’avantage du nucléaire est qu’il produit de l’électricité décarbonée et disponible à la demande tandis que l’éolien n’est pas une source d’énergie certaine car lorsqu’il n’y a pas de vent, on doit avoir recours aux énergies fossiles pour compléter au manque d’énergie, et cela augmente l’intensité carbone.


Pour ce qu’il s’agit des risques liés aux centrales nucléaires, François-Marie Bréon évoque que le nucléaire étant une énergie très concentrée, est très dangereuse. Le but est donc de circonscrire le danger pour limiter les risques. Il prétend que malgré le danger extrême du nucléaire, le risque est limité. Aussi, durant les 50 dernières années, malgré l’image terrifiante que l’on peut avoir de cette énergie, le nucléaire a moins tué que l’hydraulique (rupture de barrages…). Puis, il utilise l’exemple de la voiture, le nombre de morts dû aux accidents de voitures est acceptable car il est minime par rapport aux énormes bénéfices de ce moyen de transport. Ainsi à l’instar de la voiture, François-Marie Bréon démontre que les bénéfices du nucléaire sont très importants par rapport aux risques qui sont eux très limités, d’où son soutien pour cette énergie.


À la fin de ce débat Clément Viktorovitch conclut que, au fond il y a quand même beaucoup d’incertitudes mais qu’il faut prendre une décision politique et accepter qu’on ne puisse pas garantir le futur. Il faut alors espérer que la décision prise soit pour le mieux.